Mars 2013
Le temps qui passe et qui trépasse ne fait pas peur à Dominique Albertelli qui s’est toujours donnée le temps de vivre. Libre. Ici et ailleurs. Libre de tout. Libre de tous. Ethnologue, passionnée par les amérindiens chez qui elle a vécu trois belles et grandes années, sur les rives du fleuve Oyapok, entre le Brésil et « notre Guyane », elle a su donner du temps au temps. Du temps aux autres avant de s’occuper d’elle-même après son retour à Paris où elle a suivi les cours de l’école Boulle de 1986 à 1990. Une nouvelle étape de sa vie. Pour vivre autre chose sur un autre tempo!
D’un jeu à l’autre à la manière de Rimbaud ! Si le temps est fugace et qu’avec lui tout s’en va comme chantait Ferré, pour elle, il est synonyme d’amour, de vie, de désir, de rencontres, d’échanges, d’air, de souffle… Jusqu’au dernier ! Ce souffle, plein de poésie, qu’on retrouve, cheveux au vent, dans le mouvement de ces femmes « clones » qui semble, dans la douceur des instants suspendus, défiler à l’infini sans se soucier de l’heure, ni des horloges aux aiguilles immobiles… Dans ces hommes, assis ou debout, finis ou mal finis, le cerveau quelquefois à l’air libre, qui se croisent, s’entrecroisent, se parlent, pour se chuchoter quelques mots. « Cet être plusieurs » au corps léger qui surgit de la toile pour mieux se multiplier, se démultiplier en diptype ou en triptype. Pour nous dire, à son corps défendant, l’âme en paix avec le grand esprit, qu’il faut exister pleinement jusqu’au bord de notre vie… Notre temps est compté. On le sait. Alors allons-y !
Prenons-le comme on doit le prendre. Doux et violent. Grave aussi. Mais surtout en toute légèreté comme le réveil du matin… Sans oublier les autres bien sûr. Savourons-le ! Savourons ces moments qu’on croit ordinaires et qui sont pourtant extraordinaires. Savourons ce temps suspendu. « Ce temps comme un allié, pas comme un ennemi. Nous sommes dans un monde où l’on ne peut jamais prendre son temps. Et pourtant, le fait de prendre son temps, de s’arrêter pour penser, réfléchir, ressentir, c’est capital. Aujourd’hui, les femmes et les hommes sont obsédés par le temps qui passe, par la vieillesse et la maladie. Or, la beauté et la séduction ne s’arrêtent pas avec l’âge. Puis l’âge, c’est aussi un privilège. Quand la mort approche, on peut plus facilement tout dire, tout faire. L’âge est source d’expérience et donc d’apprentissage » explique avec la sagesse d’un shaman, Dominique Albertelli, qui nous propose sa belle ode à la vie, sa figuration instinctive, entre carpe diem et carpe momentum, jusqu’au 30 mars au cœur de la chapelle des Ursulines.