Pousser,En dépit des semelles, des valises,Exister. Le faisant, ceux que dessine Dominique Albertelli se sont longtemps butésau format de ses toiles.Ils se tassaient jusqu’à ne plus avoir de cou.S’accroupissaient comme on chie.S’agenouillaient pour mieux vomir.Les miasmes dont étaient emplis leurs ventres transparents, stigmatisés par des coulures de couleurs et des concrétions de matière, ne tachaient pas. Ils traçaient.
Questions de passage, d’impacts et de mémoire.Les tons de plomb, de cendre et de nuit employés rendaient même le bleu électrique
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Sont venues ensuite les poses ovipares de ceux qui savent reprendre des forces en équilibre instable.Velléités de décollage.Hommages à la margelle des puits.« Etre allé loin et vivre après… » dit-elle« Ce que je peins bien, c’est la limite entre la chute et le fait de tenir debout ».Ainsi dans un grand portrait récent, un torse nonchalant, immensément adolescent, absolument ambigu :la poitrine, il se la gratte ou il se la frappe ?
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Dominique Albertelli peint à présent moins de gestes incarnant le trop froid et le très lourd ;moins de bras qui font toits, de mains aux allures de barrières.Les balancements de saules pleureurs, les reptations, les tignasses emmêlés par la longueur des cauchemars, les graphismes ayant fort à voir avec l’héritage du grand expressionniste Egon Schiele, s’estompent.Les aplats aux allures de cataplasmes,Qui l’inscrivaient du côté, également expressionniste, mais plus contemporain, de chez le peintre Max Neumann, aussi.
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« Se réveiller, c’est à la fois doux et violent », dit-elle.« La pesanteur des choses, que j’ai toujours vécue de manière douloureuse, exige une force proportionnelle si l’on veut lui échapper.En soritr ».Les tronc humains qu’elle dessine aujourd’hui possèdent des dos à la fois ronds et tendus.Elégants, dramatiques, ils habitent l’antichambre du désir.Une toile récente, composée de quatre figures, telle une série de photographies de Muybridge, Évoque le dépliage, amorce le déploiement.Issue de poses prises récemment, dans l’atelier, par une danseuse transformée en modèle, cette œuvre témoigne d’une nouvelle étape.
Elle renoue avec les séances de dessin de nus de l’école Boulle- seul, bref apprentissage suivi par l’artiste.Il est ici question de relevailles.